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présente :
400 ans des danseurs de Sainte Orosia
1623 – 2023
Jaca
SAINTE OROSIA I : SA LÉGENDE
Eurosia-Orosia, la bonne rose ou la bonne rosée selon certains, est le nom que prit Drovoslava, la jeune princesse de Bohême, lorsqu’elle se convertit au christianisme en l’an 872, selon la légende qui relate sa vie.
Cette même légende raconte que la jeune princesse fut promise en mariage à Fortún, fils des comtes d’Aragon, dans les lointaines terres pyrénéennes et la cérémonie s’est célébrée par procuration.
Accompagnée d’une petite suite, la jeune Eurosia, alors âgée d’à peine 16 ans, traversa la moitié de l’Europe pour rejoindre son époux dans ce petit territoire montagneux qui allait être son foyer pour le restant de ses jours.
Elle était loin de se douter que son séjour sur ces terres serait si court et que, en plus d’y incarner une figure de martyre, elle laisserait parmi les siens le souvenir impérissable de ses miracles. C’était le mois d’août et il fallait se dépêcher de traverser les Pyrénées pour ne pas avoir à faire face à de graves périls hivernaux.
Aben Lupo appartenait à la famille des Banu Qasi de Saragosse et, cette année-là, il parcourut les territoires chrétiens pour les piller et les soumettre, acquérant ainsi le prestige nécessaire pour devenir l’un des grands seigneurs du pouvoir musulman dans le nord d’Al-Andalus.
C’est en octobre qu’il apprend la nouvelle de la petite délégation qui amène la jeune Orosia en ces terres. Il devait se dépêcher, car « le butin » était déjà sur les terres du Gállego et du Basa, à la recherche du jeune Fortún.
La petite suite de Slaves et d’Aragonais qui se reposait dans le village de Yebra, alertée par le retard de l’émissaire et consciente de la présence des Maures dans la région, décida de fuir par les montagnes les plus proches. La persécution obligea les chrétiens à accélérer leur marche, mais en vain. Au lever du soleil, Aben Lupo les tenait encerclés par ces montagnes et exigea que la jeune femme renonce à la fois à sa foi chrétienne et à son mari Fortún Garcés. Ce serait un beau présent pour son émir de Huesca.
Au bout d’un certain temps et face au refus obstiné d’Orosia d’accéder à ses requêtes, le siège se transforma en attaque et, de la petite suite chrétienne, seule Orosia et un tout petit groupe purent s’échapper. Elle était accompagnée des frères Acisclo et Cornelius, le premier étant évêque et le second, chef de l’expédition, oncles de la jeune femme, tous deux sanctifiés par la suite.
Enfin, ils atteignirent le sommet de la montagne, la grande prairie qui couronnait la pente raide. Face à la soif dont ils souffraient, une source d’eau apparut miraculeusement au beau milieu de l’endroit pour pouvoir l’étancher. Mais c’est à ce même endroit qu’eut lieu la terrible scène finale. Les poursuivants les rattrapèrent. La jeune Eurosia refusa encore et toujours d’accéder à la volonté du chef musulman qui, pris de colère, ordonna l’assaut. L’attaque féroce de Lupo contre Cornelius lui fit accidentellement trancher net la main d’Orosia, ce qui ne fit qu’attiser la rage de l’assaillant, qui abattit sans pitié le courageux chef bohémien. Sans attendre, et voyant tous ses espoirs frustrés, il fit couper l’autre main de la jeune Orosia, ainsi que sa tête et ses pieds. C’est ainsi que, peu de temps après avoir retrouvé les montagnes qui auraient dû être sa demeure, Orosia perdit la vie dans une histoire tragique qui laissera une trace indélébile pendant des siècles.
Deux cents ans passèrent sans que l’on ait plus de nouvelles de la jeune princesse et, bien que le souvenir de son martyre soit resté gravé dans la mémoire des habitants du petit comté aragonais, sa dépouille reposait là, quelque part, oubliée dans les montagnes et les cols du village de Yebra, dans le Basa.
Après toutes ces années, le jeune Guillén, berger du village de Guasillo, se trouvait sur ces hauteurs avec son bétail, au tout début de l’été. Le vingt-cinq juin, comme le relatent les légendes. Alors qu’il faisait paître son troupeau sur la haute plaine qui surplombe la rivière Basa, un miracle se produisit : une voix, semblable à celle d’un ange, émanant d’une lumière éclatante, lui montra des dépouilles mortelles qui se trouvaient à côté de la fontaine que l’on disait miraculeuse. La voix lui indiqua qu’il s’agissait de la jeune princesse Orosia et qu’il fallait les sortir de l’oubli.
Guillén, suivant son ordre, en fit un ballot qu’il chargea dans sa besace. En redescendant à Yebra, il déposa dans son église une partie importante de ces reliques : la « tête » de la Sainte. Il se prépara à porter le reste du « corps » à Jaca, capitale du royaume naissant d’Aragon et siège d’une importante cathédrale, seul lieu capable de garder les précieuses reliques.
Sa marche vers cette ville fut émaillée de mystérieux prodiges qui étonnèrent les habitants des villages traversés : les cloches sonnaient toutes seules, les fleurs s’ouvraient sur son passage, les sources taries jaillissaient à nouveau, les malades étaient guéris par l’odeur des reliques… Selon la tradition, il s’arrêta avant d’arriver à destination dans le petit village de Guasa ; de là, avec la suite qui lui avait été préparée, il marcha jusqu’aux murs de Jaca.
Ce qui s’est passé par la suite échappe à tout récit historique, car tout ce qui a précédé est enveloppé dans une nébuleuse qui ne nous permet de voir que de petites traces de ce qui s’est réellement passé. L’imagination des gens, l’histoire de sa vie, les nombreux miracles qu’on lui attribuait, la dévotion qu’on lui portait… Tout cela fit d’Orosia une figure mythique, une véritable reine de la montagne, patronne de Jaca et de tout le diocèse.
La richesse des traditions, des coutumes et des rites que son culte a créés au fil des siècles et qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui a conduit le gouvernement d’Aragon à les déclarer Patrimoine Culturel Immatériel en 2017.
[Légendes]
Buste reliquaire et reliques de la tête de Sainte Orosia conservées dans l’église de Yebra.
Deuxième moitié du XVe siècle.
Partie extérieure du sanctuaire de Sainte Orosia dans le col de Yebra.
« Danzantes » de Yebra au col du même nom.
Jour du pèlerinage à Yebra.
Fontaine miraculeuse.
Panneau 8- Sainte Orosia 1, La légende (Durée 7.20)
Exposition de :
Manuel Tomeo Turón,
Grupo Folklórico Alto Aragón
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Traductions en français et occitan gascon par :
Michaël Barret,
Gat-Esquiròu
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Lu par :
Mathilde Dupuy,
Françoise Raffin,
Christian Josué,
Amistança-Amistanza
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400 ans deus dançaires de Senta Orosia
1623 – 2023
Chaca
SENTA OROSIA I : LA LEGENDA
Eurosia–Orosia, la bona arròsa o lo bon arròs segon daubuns, qu’ei lo nom qui prenó Drovoslava, la joena princessa de Bohèmia, quan se convertí au crestianisme en l’an 872, segon la legenda qui conta la soa vita.
Aquera medisha legenda que conta la joena princessa qu’estó prometuda en maridatge a Fortún, hilh deus comtes d’Aragon, dens las tèrras pirenencas luenhècas e la ceremonia que’s celebrè per procuracion.
Acompanhada d’un petit seguici, la joena Eurosia, alavetz atjada de tant per tant 16 ans, que trauquè la mieitat d’Euròpa entà juntar lo son espós dens aqueth petit país montanhós qui anava vàder lo son larèr entà tota la vita.
Qu’èra luenh de’s figurar que lo son sejorn sus aqueras tèrras e seré autan brac e que, en mei d’i incarnar ua figura de martira, deisharé au demiei deus sons lo soviéner imperible deus sons miracles. Qu’èra lo mes d’aost e que’s calèva amanejar de traucar los Pirenèus entà non pas aver a afrontar dangèrs ivernaus deu grans.
Aben Lupo qu’apartienè a la familha deus Banu Qasi de Saragòssa e, aquera annada, que corró los territòris crestians entà’us pilhar e sosméter, e ganhà’s atau lo prestigi necessari entà vàder l’un deus senhors grans deu poder musulman dens lo nòrd d’Al Andalós.
Qu’èra en octobre quan aprenó la novèla de la petita delegacion qui mia la joena Orosia en aqueras tèrras. Que’s devè amanejar, pr’amor que « la presa » èra dejà sus las tèrras deu Gállego e deu Basa, a la recèrca deu joen Fortún.
Lo petit seguici d’eslaves e d’aragonés qui’s pausava dens lo vilatge de Yebra, alertada peu retard de l’emissari e conscient de la preséncia deus Mòros dens lo país, que decidí de huéger per las montanhas mei pròchas. La persecucion qu’obliguè los crestians a accelerar la lor marcha, mes en de balas. A solhevant, Aben Lupo que’us tienè encerclats per aqueras montanhas e qu’exigí que la joena hemna e renoncièsse au còp a la soa fe crestiana e au son òmi Fortún Garcés. Que seré un present beròi entau son emir d’Òsca.
Au cap d’ua pausa e cap au refús obstinat d’Orosia d’accedir a las soas requèstas, lo sièti que’s cambiè en ataca e, deu petit seguici crestian, sola Orosia e un tot petit gropòt que’s podón escapar. Qu’èra acompanhada deus frairs Acisclo e Cornelio, avesque lo purmèr e cap de l’expedicion lo segond, oncles de la joena hemna, tots dus santificats adarron.
Fin finala, qu’atenhón lo som deu mont, lo pradau qui coronava lo penent regde. Cap a la set qui pativan, ua hont d’aiga que pareishó miraculosament au bèth miei de l’endret entà estangar la lor estarida. Mes qu’ei ad aqueth medish endret qui’s tienó la terribla scèna finau. Los perseguidors que’us atenhón. La joena Eurosia qu’arrefusava enqüèra e tostemps d’accedir a la volontat deu capdau musulman qui, gahat per la malícia, ordenè l’assaut. L’ataca herotja de Lupo contra Cornelio que’u hasó per accident trencar net la man d’Orosia, çò qui ne hasó pas qu’atisar la ràbia de l’assautaire, qui abató shens pietat lo coratjós capdau bohèmi. Shens esperar, e en véder tots los sons espèrs frustrats, que hasó copar l’auta man de la joena Orosia, atau com lo cap e los pès. Qu’estó atau qui, chic de temps après aver arretrobat las montanhas qui aurén devut estar lo son larèr, Orosia perdó la vita en ua istòria tragica qui deisharà un traç indelebile pendent sègles.
Dus cents ans que passèn shens que ne s’entenosse pas mei a parlar de la joena princessa e, a ja que lo soviéner deu son martiri estosse demorat gravat en la memòria deus poblants deu petit comtat aragonés, la soa despulha que pausava en quauqua part, desbrembada, dens las montanhas e los còths deu vilatge de Yebra, en lo Basa.
Après totas aqueras annadas, lo joen Guillén, pastor deu vilatge de Guasillo, que’s trobava sus aqueras hautors dab lo bestiar, au tot debut de l’estiu. Lo vint-e-cinc de junh, com ac contan las legendas. Mentre que’s hasè pèisher lo tropèth sus la hauta plana qui susploma l’arriu Basa, un miracle que’s produsí : ua votz, parièra a la d’un anjo, gessint d’ua lutz estiglanta, que’u muishè las despulhas mortaus qui’s trobavan au ras de la hont qui òm disè miraculosa. La votz que l’indiquè que s’agiva de la joena princessa Orosia e que’us calè tirar deu desbromb.
Guillén, segon lo son ordi, que’n hasó un balòt qui’s carguè a la biaça. En tornant baishar a Yebra, que depausè a la glèisa ua part importanta de las relíquias : lo « cap » de la Senta. Que’s preparè a miar la rèsta deu « còs » a Chaca, capdulh deu reiaume d’Aragon vadut de fresc e sedença d’ua catedrau màger, sol lòc capable de guardar las preciosas relíquias.
La soa marcha cap ad aquera vila qu’estó esmautada de prodigis deus misteriós qui estonèn los abitants deus vilatges traucats : las campanas que sonavan soletas, las flors que s’obrivan segon passava, las honts estaridas que tornavan chorrar, los malauts qu’èran guarits per l’aulor de las relíquias… Segon la tradicion, que s’arrestè abans d’arribar a destinacion dens lo vilatjòt de Guasa ; d’aquiu enlà, dab lo seguici qui l’avèn aprestat, que marchè dinc a las quitas murralhas de Chaca.
Çò qui’s passè adarron qu’escapa a tot raconte istoric, pr’amor que tot çò d’anterior qu’ei envolopat hens ua nebulosa qui ne’ns permet pas de véder sonque traçòts de çò qui’s passè vertadèrament. L’imaginacion deu monde, l’istòria de la soa vita, los miracles nombrós qui l’atribuïvan, la devocion qui’u dedicavan… Tot aquerò que hasó d’Orosia ua figura mitica, ua vertadèra reina de la montanha, patrona de Chaca e de tota la diocèsi.
Lo riquèr de las tradicions, de las costumas e deus rites que lo son culte e creè au briu deus sègles e qui an suberviscut dinc a uei lo dia que miè lo govèrn d’Aragon a’us declarar Patrimòni Culturau Immateriau en 2017.
[Legendas]
Buste reliquiari e relíquias deu cap de Senta Orosia que’s consèrva dens la glèisa de Yebra.
Dusau mieitat deu sègle XVau.
Partida exteriora deu santuari de Senta Orosia dens lo còth de Yebra.
« Danzantes » de Yebra au còth deu medish nom.
Dia deu pelegrinatge a Yebra.
Hont miraculosa.
Panèu 8- Senta Orosia 1, La legenda (Durada 9.15)
Mustra de :
Manuel Tomeo Turón,
Grupo Folklórico Alto Aragón
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Traduccions en francés e occitan gascon per :
Michaël Barret,
Gat-Esquiròu
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Lejut per :
Jacky Poustis,
Amistança-Amistanza
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